La Chartreuse en traversée
Eh oui, c’était ma première rando de montagne avec bivouac en solitaire pour moi : une traversée de la Chartreuse de 3 jours en suivant plus ou moins les gr (le gr96 au début, puis le gr9 après un détour par le Granier).
Le temps a été variable, avec malheureusement un dernier jour sous la pluie (le beau temps arrive quand je repars de Grenoble…).
Les contreforts de la Chartreuse
Jeudi matin, j’arrive à la gare de Chambéry à 9h15. Le temps de trouver le gr, puis de me perdre, puis de faire demi-tour (pas facile pour moi de sortir de Chambéry ! ), il est 10h passé quand j’attaque la montée vers le passage de la Coche. Le temps est nuageux, mais le soleil est de la partie ce qui rend la montée en sous-bois agréable. Arrivé au passage, un promeneur m’indique un sentier qui reste sur la crête jusqu’au mont Gorgeat. Ce sentier m’offre quelques beaux points de vue sur la vallée de Chambéry et les contreforts de la Chartreuse…
Arrivé au mont Gorgeat, je redescend aux granges de Joigny, où il y a quelques familles en ballades, puis me dirige vers le col du Granier. Je l’ai échappé belle, car le lendemain c’est le tour de France qui sera là ! Mais déjà, les camping-car ont pris d’assaut les bords de la routes, et des hordes de spectateurs m’accompagneront lors de ma descente sur la route vers Chapareillan, alors que le mont Granier me nargue de toute sa hauteur (“quoi? Il me reste tout ça à monter? Mais alors, pourquoi je descend moi?!” ).
Le Granier (vous remarquerez le camping-car… Il y en avait dès que la place était suffisante sur le bas-côté).
Vers 15h, j’atteins la cabane forestière et commence à monter à travers la forêt. Le sentier traverse la forêt sans réfléchir, aussi pressé que moi d’arriver en haut. C’est raide, mais beau et jouissif : ça fait un an que j’attend de pouvoir me fatiguer en rando ! Finalement j’atteins le pas de la porte, qui est passé sans trop que je m’en rende compte… Ce ne sera pas le passage le plus aérien de la traversée. me voilà sur les belles pentes du Granier, un savant mélange de Lapiaz et de verdure… C’est beau, je suis heureux.
Les pentes du Granier
Finalement j’atteins la croix du mont Granier à 17h30. Une très belle surprise m’attend :
La croix du Granier avec une belle mer de nuage.
Une mer de nuage rien que pour moi !
[Je plante mon bivouac à proximité, mais derrière quelques arbres pour m’abriter un minimum du vent. Pour ma première nuit en bivouac solo de montagne, j’aurais pu avoir pire qu’une vue sur la Vanoise pour paysage ! Je prend quelques photos pendant la soirée… (profitez-en, j’en ai pris beaucoup moins les jours suivants !)
La vue depuis mon bivouac…
De beaux panoramas…
Plus tard dans la soirée, un visiteur vient me saluer :
Il passera à moins de 10 mètres de mon bivouac ! Je suis ravi, car en haute- savoie les chamois étaient beaucoup plus craintifs.
J’essaie de me rapprocher discrètement. Dès qu’il me regarde, je m’arrête, et lorsqu’il s’occupe de son repas, je m’avance le plus silencieusement possible. Oui, je joue à 1, 2, 3 soleil ! avec un chamois ! (D’ailleurs, c’est vraiment patient ces bêtes là. Beaucoup plus que moi en tout cas).
Malheureusement, le réveil du lendemain se fait sous la pluie. Au temps pour mon panorama du soleil levant… La descente vers le col de l’Alpette est toujours aussi jolie, je reverrais d’ailleurs une petite harde de chamois (avec deux cabris) peu avant le pas des barres. Ce passage est des plus délicat, d’autant plus qu’il se remet à pleuvoir juste avant histoire que la roche soit bien humide…
Oui, il y a un passage au milieu…
Ensuite je remonte la vallée sous un temps menaçant, mais qui va en s’améliorant. Il s’améliore tellement que je me choperai un bon coup de soleil ! Je récupère le gr, dont le balisage est… déroutant. Parfois il est extrêmement bien balisé (une balise tout les 10 mètres, sans exagération !), et d’autres fois je dois m’orienter tout seul, le gr se perdant au milieu des sentes de vaches sans que rien ne vienne nous aiguiller (notamment au niveau de l’Alpette de la dame).
Une partie de mon chemin de la journée. Tout au fond, on distingue le col de Bellefond, où je serais en début d’après-midi.
Au cours de mon long cheminement vers le col, je croise chamois et marmottes… Mais pas d’humain, ce qui n’est pas pour me déplaire. La montée finale au col de Bellefond est éprouvante, tant physiquement que mentalement : je sais qu’il me reste encore un long trajet, et me voilà en train de monter pour redescendre encore plus bas juste après !
La vue derrière moi. Le Granier est le dernier sommet que l’on voit clairement.
Et la vue vers devant, avec la dent de Crolles en avant plan. Le gros caillou que l’on voit derrière est Chamechaude, sous lequel je dormirais ce soir.
Je continue sur le gr9 jusqu’au col du coq. Je comptais passer par la dent de Crolles, mais je crains être juste car mes pieds commencent à fatiguer. Cependant, un embouteillage lors de la descente vers le col du coq (chemin technique, où il faut mettre les mains et qui stop quasiment deux groupes devant moi) me fait regretter de ne pas être passer par la dent de Crolles puis par le pas de l’œil, probablement plus tranquille… Arrivé au col, je me recharge en eau et continue. Je bivouaquerai au habert de Emeindras du dessus, à cheval entre la forêt et un champ de vaches.
Le lendemain, mauvais temps. Le ciel est si bouché que je n’apercevrai Grenoble qu’un fois arrivé juste au dessus de la Bastille, alors que j’emprunte les crête tout du long. Je ne prendrais aucune photo aujourd’hui… Le gr me ferait redescendre au village de Sappey pour remonter sur la crête juste après, donc j’emprunte directement la crête… Enfin, c’est ce que j’aurais voulu faire, mais je me retrouve sur un chemin forestier à flanc de montagne, sous une pluie fine mais persistante. Qu’à cela ne tienne, je coupe à travers la forêt en direction de la tâche de lumière que je crois être la crête. La montée est raide. Très raide. Mais j’atteins la crête, près à observer le panorama sur Belledonne promis par ma carte. Peine perdue, les nuages masquent tout… Je redescend donc sur Grenoble caché par les nuages… C’est vraiment dommage. Je marche à un très bon rythme, ce qui me permet d’avoir un train à 12h24.
Pour résumer, une très bonne première expérience de bivouac. J’ai vraiment apprécié d’être un MUL, ce qui m’a permis de faire des étapes conséquentes (9h de marche le premier jour, 10h30 le second…) sans que cela soit trop gênant. Une liste de 3,5kg, 2l d’eau et 1,5kg de nourriture : je suis content de mes optimisations !
Autre bonne surprise : la nourriture. J’ai finalement peu mangé, ramenant un tiers de ce que j’avais emporté. Une autre piste d’allègement pour la prochaine fois…